Des terres nourricières pulvérisées avec du Roundup suscitent la colère des citoyens d’Etalle
Du Roundup (glyphosate) a été répandu sur plusieurs parcelles de terres nourricières à Etalle. Le but de la manœuvre, selon certains, serait de cultiver des maïs qui seraient ensuite utilisés par l’unité de biométhanisation de l’hôtel Van der Valk de Weyler. L’hôtel dément ces accusations, tout comme le propriétaire des terres.
- Publié le 13-04-2024 à 14h00
C’est un dossier qui fait beaucoup de bruit, depuis quelques jours, sur les réseaux sociaux et notamment le groupe Facebook “Bien Vivre à Etalle”. Sur celui-ci, une information circule selon laquelle l’hôtel Van der Valk de Weyler exploiterait des terrains situés autour d’une ferme, le long de la N87. Jusque-là, rien d’alarmant, si ce n’est qu’une photo montre des champs totalement jaunis, voire brûlés. De quoi susciter de multiples interrogations.
Pour certaines personnes, des pesticides (et vraisemblablement du Roundup, un produit à base de glyphosate) auraient été pulvérisés sur ces terres nourricières dans le but d’y cultiver du maïs qui serait ensuite utilisé par l’unité de biométhanisation de l’hôtel pour y produire de l’électricité “verte”. Précisons qu’en Wallonie, l’usage du glyphosate reste autorisé pour une utilisation professionnelle.
Tollé du monde politique local et des citoyens
La minorité Écolo d’Etalle s’est emparée du sujet en publiant, mardi soir, un communiqué : “Comme beaucoup de citoyens stabulois, nous avons constaté avec horreur et stupéfaction le désastre dans les champs à l’entrée du village. Des terres nourricières aspergées de pesticides pour planter du maïs qui doit servir à produire une prétendue énergie verte pour un hôtel de luxe et sa piscine. Jean-Philippe Florent étudie le dossier avec nous, afin de porter nos interpellations au gouvernement wallon dans les jours qui viennent”, expliquait Lieve van Buggenhout dans ce communiqué.
La première échevine, Mélissa Hanus, nous a également confié vouloir introduire une question parlementaire à la Chambre. “Je n’ai pas encore de nouveaux éléments à donner, mais ma question parlementaire est en cours d’élaboration. Je suis en contact avec les citoyens sur le sujet pour voir quel produit a vraiment été utilisé. En fonction du produit, cela orientera bien sûr notre question”, a déclaré la députée fédérale.
Même si le Collège n’a pas encore discuté officiellement du sujet, l’échevin Sébastien Peiffer a tenu à apporter une première réaction. “Jean-Luc Falmagne et moi-même sommes sur la même longueur d’onde, il ne faut pas utiliser les terres nourricières pour faire de la biométhanisation. C’est certain ! L’usage du glyphosate est toujours autorisé pour les professionnels, ici ils respectent la loi. C’est la forme qui pose question. On ne veut pas attaquer l’exploitant agricole ou l’hôtel, c’est la régulation de tout ceci qui est importante pour nous”, précise l’échevin.
Des liens étroits
Cultiver du maïs sur des terres aspergées par des pesticides dont la finalité serait de produire de l’énergie verte ? La question de l’éthique a, en tout cas, le mérite d’être posée.
Concernant les terres d’Etalle, elles appartiennent bien à Jean-Pascal Pastoret. Un fermier qui détient également des terres à Sterpenich (Arlon) avec son frère. Les propriétaires de cette ferme arlonaise, justement, entretiennent des relations étroites avec la famille de l’hôtel, puisqu’ils ont financé en partie l’unité de biométhanisation de l’hôtel.
D’ailleurs, dans la Banque-Carrefour des Entreprises, on peut notamment y lire que Monsieur Steven Zeeuw van der Laan, le directeur de l’hôtel, est le représentant permanent d’une société baptisée «Agriforest SRL» depuis le 6 octobre 2023. Une société dans laquelle on retrouve, aussi, Jean-Pascal Pastoret et son frère et dont le siège social se trouve justement à l’hôtel.
Le propriétaire des terres se veut transparent
Contacté par nos soins, le fermier et propriétaire des terres d’Etalle, Jean-Pascal Pastoret, a tenu à apporter ses précisions. “La polémique sur les réseaux sociaux, à partir d’une personne, n’est pas nécessaire à mes yeux par rapport au monde agricole. Les riverains ne peuvent quand même pas décider à la place de l’agriculteur ce qu’il souhaite planter ou pas. Après 4 générations, je pense savoir ce que je dois faire avec mes terrains. Mes enfants vont reprendre l’exploitation d’Etalle, mais ils ne savent pas encore ce qu’ils vont en faire”, explique-t-il.
”Ces terres n’ont rien à voir avec l’hôtel Van der Valk”
Nous avons tenté d’obtenir une réaction de Steven Zeeuw van der Laan, le directeur de l’hôtel Van der Valk de Weyler (Arlon). Indisponible ce jour, c’est Clara Doiteaux, la chargée de communication et responsable marketing de l’hôtel, qui a spontanément accepté de nous répondre.
Clara Doiteaux, quelle est la relation de l’hôtel Van der Valk avec ces terres situées à Etalle ?
Ces terres n’ont rien à voir avec l’hôtel Van der Valk. C’est un accord entre le fermier et le propriétaire de l’hôtel, cela ne nous concerne pas.
On dit que du maïs sera cultivé à cet endroit, dans le but d’alimenter votre unité de biométhanisation. Est-ce le cas ?
Non, ce n’est pas le cas. L’unité de biométhanisation sera alimentée par les déchets de la ferme de Sterpenich. Il n’est pas question de cela ici.
Pouvez-vous nous confirmer que du glyphosate a été répandu sur des terres nourricières à Etalle ?
Moi, je m’occupe de la communication de l’hôtel, je n’ai pas de commentaire supplémentaire à apporter.
Pourquoi cet accord entre votre directeur et le fermier Stabulois ?
Encore une fois, c’est un projet personnel du patron. C’est un soutien financier personnel à la ferme, ça n’a rien à voir avec l’hôtel. Le propriétaire de l’hôtel ne s’occupe pas des activités de la ferme.
”C’était du Roundup, en effet”
Jean-Pascal Pastoret, êtes-vous bien le propriétaire des champs d’Etalle et de Sterpenich ?
Pour Etalle, oui. À Sterpenich, l’exploitation est au nom de Christophe Pastoret (mon frère) et moi-même.
Êtes-vous l’administrateur de la société Agriforest SRL dont le siège se trouve à l’hôtel Van der Valk ?
Oui.
Cette société a-t-elle un rapport avec les terres de Sterpenich ? Et celles d’Etalle ?
L’exploitation à Etalle, ce n’est que moi. À Sterpenich, c’est Pastoret frères. Agriforest, c’est une société qui n’a rien à voir avec BioMétha SRL. Nous sommes deux partenaires avec Steven.
Confirmez-vous avoir répandu du glyphosate sur les terres nourricières à Etalle ?
C’était du Roundup, en effet. Totalement autorisé et agréé en Wallonie.